Le Spreckels Trophée

 

 

Qu'est-ce que le "Spreckels Trophée ?

C'est le trophée qui récompense "La plus dure, mais aussi le plus belle épreuve motonautique du monde ! "

Le "Spreckels Trophée" était la plus grande course internationale de hors bord créée en 1935 ; elle a été inspirée par Monsieur Jean Dupuy (photo ci-dessous) propriétaire du "Petit Parisien" et son épouse Dorothy Spreckels qui voulait rendre hommage à son père.

Cette course était organisée par le Yacht Moteur Club de France (YMCF) sous l'égide de la Fédération Française de Navigation Automobile (FFNA). Elle s'est déroulée pendant trois années consécutives.

La plus dure course de hors bord : alors que la grande majorité des épreuves de hors bord se couraient sur une distance de 10 à 20 km, sur 1/4 h environ, la durée du Spreckels Trophée était de 2 heures avec recours à la formule du "poids maximum" de 350 kg, formule obligeant les concurrents à rechercher le plus grand rapport "puissance-poids" . Elle se déroulait au mois de juillet, en plein coeur de Paris, entre les ponts du Carrousel et Louis Philippe, avec un départ et une arrivée dans le bassin du port de l'Hôtel de Ville .

A l'issue de la course, le vainqueur était récompensé par le prestigieux trophée qui représentait à l'époque la somme de 150.000 Francs !!

L'inauguration a donc eu lieu en 1935 avec l'organisation de la première édition au mois de juillet. Pour la première fois en France un pilote américain avait fait le déplacement : Stanley Dolar. Il était venu spécialement de San Francisco. 9 pilotes au départ : outre l'américain, il y avait deux anglais, trois italiens et trois français qui remportèrent la course à plus de 80 km/h de moyenne ; classement dans l'ordre Jean Dupuy, Raymond Sommer et Louis Chiron. C'est donc Jean Dupuy qui reçut le trophée.

En 1936, six partants : 2 américains, B. Davies et F. Jacoby, un anglais, le vicomte Forbes et 3 français, J. Dupuy grand favori avec son canot à moteur Soriano de 105 cv, A. de Rothschild et G. Monneret.

G. Monneret

F. Jacoby

J. Dupuy, recordman de vitesse

A. de Rothschild (au premier plan), F. Jacoby

Course marquée par de nombreuses péripéties, remportée par Monneret qui finalement pour des raisons techniques fut déclassé au profit de A. de Rothschild. (photo ci-contre) suivi de Jacoby et de David Bedford
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1937 connaîtra le plus grand nombre d'engagés ( 11) ; c'est une année marquée par de vifs débats à propos d'une modification du circuit envisagée et proposée par J. Dupuy et par le changement de réglementation au niveau du poids des bateaux qui est porté de 350 à 400 kg.

Débats autour du projet de modification du circuit proposé par Jean Dupuis : nouveau tracé qui doit passer autour des piles du Pont Neuf , du pont Saint-Louis et du pont Louis Philippe. Cette proposition suscite de nombreux échanges entre Jean Dupuy, son épouse, la FFNA, le YMCF et les pilotes américains : en effet, la sécurité est mise en cause en raison du manque de visibilité due aux piles des ponts, du risque de contact avec les enrochements, etc. Une expertise du circuit est demandée par Jean Dupuy. La FFNA désigne deux experts, Jean Houet et Gaston Meyer. De son côté, Jean Dupuy propose Philippe de Rothshild et Michel Detroyat. Après de nombreuses discussions et une menace de Madame Dorothy Spreckels-Dupuy d'annuler la course, ce projet sera finalement annulé et l'épreuve se déroulera sur le même tracé qu'en 1936, soint entre les ponts du Carrousel et Louis-Philippe.

Pour s'inscrire à cette troisième édition, les concurrents français étaient soumis à des éliminatoires pour n'en retenir que les trois premiers. Ces épreuves se déroulèrent sur le plan d'eau d'Herblay et sur la Seine sur le bassin de vitesse de Suresnes. C'est ainsi qu'au mois de juin 5 pilotes se présentèrent : Dupuy, Xemay, le Prince de Polignac, Rousset et Bouchon.

Un beau départ de G. de Polignac à Herblay

L'équipe Jean Dupuy, de Polignac et Bouchon

G. de Polignac (n°8)

Jean Dupuy (n°2)

Classement : Dupuy à 69,824 km/h, G. de Polignac à 69,778 km/h, Bouchon à 63,700 km/h. Xemay abandonna, Rousset ne fut pas sélectionné.

Pour être inscrits, les pilotes devaient s'acquitter de droits d'engagement d'un montant de 5000 francs, payables au plus tard le 31 décembre 1936.

A cette date, étaient inscrits : 3 concurrents italiens, Carmaguani et Osculati (Cutolo) sur coques Cueroni à moteur BPM, Sestini sur coque Riva à moteur BPM, les trois français sélectionnés, Dupuy et Bouchon sur coques Dupuy à moteur Dupuy Soriano et Xemay en remplacement du Prince de Polignac.

Passé ce délai, par dérogation, 2 concurrents ont été inscrits au mois d'avril 1937 : le suédois Ferdinand Grüme et le grec Embiricos (le Royal Yacht Club de Grèce. auquel il adhérait n'étant pas affilié à l'Union Internationale du Yachting Automobile en 1936) sur coque Dupuy à moteur Dupuy-Soriano. En mai, seront également inscrits les américains Fred Nickell et Paul B. Sawyer sur coque Jacoby à moteur Dapper Johnson, ainsi que Marshall Eldredge sur coque Jacoby à moteur Elto.

Par ailleurs, MM. Picquerez/Vasseur avaient fait une demande pour courir avec leur canot Bugatti NinietteV ; a priori cette demande n'a pas abouti car ils n'étaient pas au départ.

Ci-dessus, un passage à plus de 100 km/h, le canot est entièrement hors de l'eau ; à droite un passage d'Eldredge

Classement à l'arrivée : Jean Dupuy, Bouchon, Embiricos, Sawyer, Nickell, Eldredge. Ont abandonné Xemay, Cutolo, Carmagnani, Sestini

Sont classés : Dupuy suivi de Bouchon. Ne sont pas classés pour n'avoir pas terminé le tour commencé au signal des 2 heures : Embiricos, Nickell, Eldredge et pour n'avoir pas parcouru les 100 km : Sawyer !

1937 fut donc la troisème et la dernière édition de cette prestigieuse épreuve.

Sources : Le Petit Parisien, le Yacht, documents FFNA et YMCF