Un bateau, une histoire : Ouragan

 

Martine et Alain Bocquet nous présentent "OURAGAN"

La rencontre
En juin 1996, Alain Bocquet et Antoine B. participèrent au rallye "Beaux Châteaux-Belle Gironde", organisé par Joël Perrodo et Daniel Charles. La mise à l'eau eut lieu au musée de Bordeaux (ancienne base sous-marine reconvertie) où étaient exposés des bateaux à voile et à moteur ; c'est là qu'ils aperçurent pour la première fois OURAGAN. Stupéfait, Alain jura qu'il était prêt à ne plus fumer aucune cigarette pour avoir un jour un tel bateau. Antoine, d'esprit plus réaliste, calcula les économies pouvant être ainsi réalisées et trouva l'année 2020 pour l'acquisition. Mais le destin allait frapper à la porte d'Alain quelques 4 ans plus tard...

L'acquisition

Nous sommes à Port Saintry et le musée bordelais ayant fermé ses portes...

Le propriétaire d'Ouragan qui se trouvait être aussi celui de Rafale XI cherche à vendre rapidement au moins un des deux bateaux. Alain vendra sa DB Panhard de course... et se mettre à fumer la pipe.

L'histoire

Ouragan, issu de la prestigieuse famille des Rafale avec Yzmona en 1933, Rafale V en 1934, Ouragan en 1935, Rafale VI en 1936 et Rafale XI en 1937 fut construit par Lucien Chauvière d'après les plans de l'ingénieur hydrodynamicien Galvin. Lucien Chauvière se rendit célèbre en construisant l'hélice du Blériot XI et en décrouvrant la technique révolutionnaire du lamellé-collé, technique qu'il peaufinera au fil des ans dans son laboratoire de recherche sur les colles à bois dans son usine à Vitry sur Seine. (photos ci-dessous : archives Société d'histoire de Vitry sur Seine)

Lucien Chauvière
L'usine de Vitry sur Seine
Fabrication d'une hélice en lamellé-collé

 

C'est pour répondre à la commande de l'industriel Emile Picquerez qu'il construira chaque année un racer différent.

Yzmona V d'après une gouache de Juléry-Raynal - 4 juillet 1933 record du monde des 12 litres à 125,17 km/h
Rafale V Aurora 36 litres. Unique racer français ayant couru en catégorie "illimité"
Rafale VI, appelé aussi Piva record du monde le 8 juillet 1937 à 140,61 km/h - Participe à la Gold Cup à Détroit en 1937 - cf photos d'archives
Rafale XI - Photo Henri Perrot

Ouragan se différencie des autres par ses quatre places et son mode de propulstion (hélice aérienne). Il répondait à une demande de l'état français pour le transport fluvial de marchandises avec faible tirant d'eau dans les colonies d'alors. L'Italie, l'Angleterre et la France avaient créé un prix spécial pour ces hydroglisseurs qui devaient répondre à trois critères :

Une fois les conditions remplies et le bateau engagé sur trois courses, l'état français remboursait la construction du bateau.

Nous retrouvons la trace d'Ouragan dans la famille Allégret. Il fut stocké ainsi que Rafale XI dans une péniche à Suresnes dans les années d'après guerre et découvert récemment dans les années 90.

La Restauration

Après son acquisition par Alain, le bateau fut transporté en Seine et Marne où telle la Belle au Bois Dormant il y resta jusqu'à la tempête de 1999. Son sommeil devait se prolonger jusqu'en 2004, année où il partit vers Argentan, fief incontesté d'Hervé Fressard qui le restaura. Là, le bateau fut déponté.et examiné en tous points. Chance extraordinaire, les fonds étaient parfaits et ne nécessitaient qu'un ponçage avant application des vernis

Les vis d'origine sans aucune trace d'oxydation remplissaient toujours leur fonction.

Hervé travailla en un temps record pour la restauration des bois. Le plus fastidieux et le plus ingrat a été le grattage des fonds.

Le repontage fut réalisé avec de l'acajou, 6 millimètres pour les côtés et 4 millimètres pour les parties très courbées.

Après l'application d'un fond dur sur tout le bois, la phase de peinture pouvait commencer avec une intéressante recherche sur la couleur réelle du "Bleu de France".

Ponçages et vernis se succèdent pendant les mois d'hiver où Hervé dut maintenir en permanence une température constante dans son atelier.

Le puzzle s'assemble, les accessoires retrouvent leur place avant la sortie de l'atelier

Première sortie... il a fallu poser le ber sur une remorque fabrication "maison"

Pendant ce temps là, Alain et Martine retrouvaient la trace à Beauvais du moteur d'origine d'Ouragan, moteur Hispano-Suiza V8 12 litres .

 

 

Dépités devant le prix et l'état du moteur incomplet, une course à la recherche de l'oiseau rare allait s'engager.

Le dilemne

Refaire la motorisation d'origine (moteur Hispano-Suiza + hélice aérienne) débouchait sur l'impossibilité de s'en servir car l'hélice représentant un danger, les assurances auraient refusé de couvrir ce risque.

Le choix s'est donc porté sur un moteur moderne et fiable avec le même système de transmission que Rafale XI à savoir un Z-drive d'une utilisation plus aisée. C'est alors que les routes d'internet s'ouvrirent et qu'une opportunité se présenta sous la forme d'un moteur Mercruiser V8 avec une embase Z-drive course.

Mercruiser V8 - 8,9 litres - 575 cv
Embase Mercruiser course

Pour installer cette motorisation, Alain prit soin de ne pas transformer la structure du bateau afin de rester au plus proche de l'état d'origine.

Il reste désormais à couvrir le dessus du moteur et adapter la pointe arrière. A l'instar de Rafale XI une cellule d'avion en aluminium en deux parties sera utilisée.

Ouragan retrouve sa cocarde et son numéro 12-F18

Sa première sortie après restauration

Les 3 & 4 septembre 2005, présentation d'Ouragan à CAEN

Gageons que l'année 2006 verra sa mise à l'eau...

Martine et Alain Bocquet félicitent et remercient Hervé Fressard pour la qualité de son travail respectueux de la tradition des meilleures constructions françaises de l'époque.

On se met à rêver qu'un jour, quelque part dans le monde, se tiendra une réunion de la tribu RAFALE / OURAGAN...

Quelle photo de famille !

Ouragan : première mise à l'eau après restauration, ça y est...

C'était sur le Lac de Rabodanges, le samedi 14 avril 2007

sous le contrôle d'Hervé, le sorcier du Lac et de la mécanique !

 

Mise à l'eau et derniers réglages

Ca marche : Premiers tours d'hélice sous le contrôle d'Alain
C'est parti : premier virage

L'équipage : Alain et Hervé

C'est au tour de Martine... attention au brushing !

Alain et Martine : des propriétaires heureux
Cela méritait bien une petite coupe !
Le baptême