Un pilote, une histoire

 

 

Un pilote, une histoire...

Jacques Bornhauser

Article réalisé grâce à l'active collaboration de Michel K. que nous remercions.

Jacques Bornhauser est né en 1932. Il était proropriétaire de la Société Bornhauser et Molinari (a priori, rien à voir avec les bateaux Molinari), spécialisée dans la fourniture et la pose de canalisations, société implantée à Olivet, dans le Loiret.

Très investi dans le motonautisme, pilote de 1957 à 1971, il a également assuré plusieurs mandats auprès de la Fédération Française Motonautique : commission sportive, commission technique, membre du comité directeur, mais aussi délégué du comité régional de la Garonne.

Il fait ses première courses sur un hors bord classe C équipé d'un moteur Koenig : il remporte en 1959 l'épreuve de Monaco.

Puis Porsche apparaît dans la course !

En 1966, il équipe un runabout Rocca d'un moteur Porsche 2 litres. et se lance dans la mythique épreuve des 6 heures de Paris, catégorie "Runabout européen", classe 1. Il porte le n° 24 et partage le volant avec Louis Rocca .

 

L'année suivante, c'est dans la catégorie "Expérimentale" qu'il va courir, à bord d'un catamaran Molinari équipé du moteur Porsche Carrera 2 litres, qu'il a lui-même adapté à la coque.

Ci-dessus, séance d'essais sur le bassin de vitesse de Suresnes/Saint-Cloud. Catamaran à l'arrêt à la péniche de l'Hélice Club Compétition

Il s'engage de nouveau aux 6 heures de Paris.

 

Ci-dessous, quelques minutes après le départ de la course, les concurrents virent à la bouée. Au premier plan son catamaran, un des plus rapides du plateau, qui, malheureusement, devra abandonner après une demi-heure de course.

"Surpuissant, très difficile à manoeuvrer en grande vitesse, après avoir viré de manière très serrée à la bouée, en reprenant de la vitesse, il n'a pas pu contrôler son catamaran suffisamment tôt ; il a failli percuter la pointe de l'Ile aux cygnes... et a disparu de la course".

Puis il va abandonner la catégorie "Expérimentale" et installer le moteur Porsche sur une coque en V du chantier Cormorant pour courir dans la catérogie "Runabout". Malgré une série d'essais enthousiasmants, la réussite n'est pas au rendez-vous. Il finit par abandonner le moteur Porsche.

Pour la petite histoire, il fallait, au démarrage, lester l'avant de son bateau avec un volontaire qui, une fois le bolide lancé sur sa ligne, sautait dans une embarcation suiveuse qui le récupérait... (c'est écrit dans le journal de l'époque, cela est sans doute vrai...)

En parallèle de ces courses, citons les 24 h de Rouen auxquelles il participa avec Oreste Rocca et Gasnier sur un catamaran Rocca équipé d'un moteur Mercury.

 

Au premier plan, de gauche à droite : Oreste Rocca, Gasnier et R. Guyard

En haut à droite, J. Bornhauser

 

 

Le nom de Bornhauser est aujourd'hui connu au travers de son fils, Patrick, pilote automobile talentueux courant au volant d'une Chevrolet Corvette.

 

Guy Barrachet

Successivement membre du YMC de la Raviége, du HBC Montalbanais et de l'ENT Toulouse, de 1957 jusqu'au milieu des années 60, Guy Barrachet courait sur coques Marathon, sous le numéro de course 209. R. Balard, son coéquipier, courait quant à lui sous le numéro 215.

LES COQUES MARATHON : construites par le chantier Rhône Marine, longueur 4,25 m, largeur de 1,80 m, creux de 0,52 m, poids 130 kg. Elles étaient fabriquées soit en version Sport 2 places, soit en version Tourisme 4 places. Double coque dans le fond, patin à redan longitudinal. Seule coque de sport pouvant rivaliser avec les coques spécialisées de course, assurant le maximum de rendement pour le ski nautique et pouvant supporter les moteurs les plus puissants de l'époque (merc 800, Starflitt 75 cv, Scott 75 cv...) En version compétition, elles étaient classées dans les catégorie EU et DU Sport.

Guy Barrachet a disputé ses premières courses avec un Mercury mark 40H, ensuite il a utilisé des moteur Scott 33 cv ou 40 cv, mais ils n'étaient pas compétitifs. Il a donc monté un moteur Scott 75cv pour les 6 heures de paris (pied course). Il a ensuite fait un essai avec un Scott course d'usine (prêté par l'importateur) qui s'est avéré trop puissant pour les coques Marathon.

Il est donc revenu aux moteurs Mercury, les meilleurs d'après lui !

Ses principales courses : le meeting international de monaco en 59, 60, 61 et 62, les 6 heures de Paris en 1961et 1962, Traben-Trarbach en Allemagne sur la Moselle et pas mal d'autres compétitions dans le sud ouest de la France : les 3 heures de la Raviege, Saint Antonin noble val, etc... en catégorie DU.

A Monaco, 2ème en partant de la gauche

Son coéquipier Balard : superbe saut avec sa coque à moteur Scott

La revue Le Yacht de 1962, dans son compte-rendu du meeting de Monaco, écrit : "en dinghy, classe DU, l'équipe Balard/Fournier/Barrachet, que l'on retrouve à chaque fois sur les plans d'eau français et internationaux, est venue défendre nos couleurs avec une bonhomie et une gentillesse remarquables"...

D'une de ses courses à Monaco, il nous rapporte l'anecdote suivante : sa mise hors course par un des bateaux de l'écurie ROCCA qui l'a percuté volontairement alors qu'il était sur le point de gagner l'épreuve ; le bateau est passé sur sa coque entre le moteur et lui ; il s'est retrouvé avec quelques cotes cassées et une main très abimée coincée dans la manette. Rocca, (qu'il appelle 'les parisiens', voulait s'assurer la victoire à tout prix et ne faisait pas de cadeaux !!!

Nous avons retrouvé quelques-uns de ses résultats :

. VIème meeting de Monaco, 1960 : 3ème place en catégorie DU, et 3ème de la coupe Scott

. VIIème meeting de Monaco, 1961 : 7ème place en catégorie DU

. 6 heures de Paris, 1961 : 16ème en catégorie XU

. VIIIème meeting de Monaco, 1962 : 7ème place en catégorie DU, et 2ème de "l'heure de Monaco"

. 3 heures de la Raviège, 1962 : vainqueur de la catégorie DU.

 

Jusqu'à la fin de l'année 2012, Guy Barrachet avait conservé ses deux coques Marathon, en parfait état, avant de s'en séparer... (une version sport et une version tourisme (à droite sur la photo).

Elles sont aujourd'hui entre les mains de Serge et Théo et nous sommes certains qu'elles seront bien conservées. Nous leur devons ce reportage et les remercions.

 

 

Claude Lamandé

Claude Lamandé, nantais, affilié au Club Moto-Nautique de l'Ouest (CMNO), a débuté les courses de hors bord en 1955, au retour de son service militaire. Il a bénéficié de l'expérience de son oncle, M. LABOUR, qui construisait des coques dinghy et des pelles à redan depuis 1932. Claude Lamandé, durant sa carrière, a fabriqué toutes ses coques.

(Photo ci-dessus : rassemblement à La Baule)

ci-dessous, à gauche, une pelle à redan (plan Riva) propulsée par un moteur Johnson, à droite, une pelle trois points (plan Molinari) équipée d'un moteur Koning 450 cc, puis 500 cc

 

 

Les saisons étaient chargées avec en moyenne 10 déplacements par an.

A Vertoux...

Aux Sables d'Olonne...

A Sillé le Guillaume...

Lors des championnats, Claude Lamandé associait la catégorie dinghy C1 U aux pelles, ce qui l'obligeait après chaque manche à changer de bateau.

A Saint Nazaire en 1957, où il remporta le Grand Prix de l'Atlantique en catégorie C1 U et la 2ème manche de hors bord classe C

Aux 6 heures de Paris

Puis à Missillac

et sur le canal de Nantes à Brest

SON PALMARES

1957 Vainqueur du Grand Prix de l'Atlantique en catégorie C1 U et de la 2ème manche de hors bord classe C
1958

Champion de Bretagne à Douarnenez en classe C1 U et Vice Champion de France

1959 2ème Coupe Biotherm, classe C 5 (hors bord) et 4ème au Championnat de France
1960 1er aux 2 heures de Rouen et des 6 heures de Paris ; 6ème HB classe C à Monaco
1961 Champion de France propider 350 cc à Pleucadec, participe aux courses de Monaco avec son voisin Francis Bonneau qui gagna le trophée
1962 1er aux 6 heures de Paris, catégorie EU
1963 1er aux 6 heures de Paris, catégorie EU, vainqueur des 24 h de Rouen
1968 Champion de France hors bord, étang de Gournava

Claude Lamandé arrêta sa carrière en 1969, à la suite d'un grave accident en propider ; mais il est toujours resté passionné de motonautisme.

Claude Cailleau et le CMC le remercient de son accueil et de nous avoir confié une partie de sa collection de photos ; quel plaisir de rencontrer un passionné !

Juillet 2018 : le magazine "Histoire Patrimoine" région nazairienne/presqu'île guérandaire lui consacre un article "Un pionnier du motonautisme à Saint-Nazaire" en retraçant sa carrière motonautique ; extraits.

"Alors que plusieurs chantiers navals méditerranéens tels Estérel, mais aussi parisiens tels Rocca, Seyler, Liuzzi, ... sans oublier les italiens Pise, Salani, commercialisaient bon nombre de petites unités à moteurs destinées à la plaisance et à la compétition, quelques artisans menuisiers de notre région étaient également tentés par la construction de ces jolis petits canots rapides, souvent construits en acajou et vernis d'environ 5mm d'épaisseur d'un superbe effet.

C'est ainsi qu'à Saint Nazaire Claude Lamandé s'intéressa à ce sport de glisse motorisé et bien sûr à la fabrication des canots en bois.

Claude Lamandé construisait donc lui-même ses canots dans son atelier de Méan. Conçus avec grand soin, ces canots très prisés des pilotes étaient de véritables petites merveilles qu'il fabriqua en plusieurs dizaines d'unités".

Construction d'un catamaran "Lamandé"

Claude Lamandé dans son atelier en mars 2018

En conclusion, une brillante carrière souvent méconnue des Nazairiens, qui se termina par de graves blessures lors d'un gala nautique.

 

Robert Clicheroux

Janvier 2007, nous avons le plaisir d'ouvrir cette nouvelle rubrique.

La première sera consacrée à un pilote qui a débuté sa carrière motonautique il y a 50 ans, le bordelais Robert Clicheroux, membre du Yacht Moteur Club de France et du Yacht Moteur de la Cote d'Argent devenu Yacht Moteur Club d'Aquitaine.

Durant 6 années consécutives, il enchaînera succès après succès...

Grâce à sa fille, nous avons pu retracer les étapes marquantes de sa carrière au travers de photos et de coupures de presse.

Nous lui renouvelons tous nos remerciements.

Robert Clicheroux signe son premier succès aux 6 h de Paris, en 1957, en prenant la 1ère place à bord d'un dinghy à moteur Mercury.

En 1958, il s'engage aux 24 heures du Lac d'Aix les Bains en catégorie FU, sur une coque Matonnat à Moteur Mercury

 

En 1959, sur le Lac de Sanguinet, est organisée une course de hors bord ; la presse locale rappelle le palmarès de son régional . Il y signera une nouvelle victoire.

 

C'est cette même année que la Yacht Moteur Club de la Côte d'Argent organise son premier meeting motonautique sur le Bassin : encore une première place pour Robert Clicheroux.

Le départ de la course

Participant en septembre 1959 à la finale du Championnat de France à Saint Cloud, il remporte l'épreuve et est sacré Champion de France catégorie FU.

Puis il participera au Grand Prix de France International d'Endurance, les 6 h de Paris

Remportant une nouvelle première place en catégorie FU et une seconde en catégorie FU Spécial, la presse souligne sa belle performance

L'année 1960 sera marquée par un changement de catégorie ; il pilotera en effet une coque Liuzzi équipée d'un moteur Alfa Romeo, classée dans la catégorie R02 Sport. (notre site consacre un chapitre à Liuzzi, la compétition)

Il inscrit de nouveaux succès à son palmarès :

. Victoire à la Course du Salon Nautique de Printemps

. Victoire aux Championnats internationaux de Monaco sur un runabout européen classe 1

. 3ème au Championnat d'Europe à Rabodanges

Il s'entraînera sur le magnifique lac de Carcans-Maubuisson

le 16 octobre, il s'engage aux 6 h de Paris.

Favori dans sa catégorie, il signera un nouveau succès. Il se positionnera également en première place, toutes catégories confondues, à "L'Indice de Performance".

1961 : Fiers de ses succès; Robert Clicheroux décide de concourir dans une catégorie supérieure, runabout classe 1 ; ainsi, il engage un nouveau bateau dans la compétition : un Kirié à moteur Maserati

En février, la Commission Sportive de la Fédération Française Motonautique le désigne parmi les pilotes officiels appelés à représenter la France au Meeting International de Monaco.

Photo extraite du programme

 

Robert Clicheroux signera une nouvelle victoire.

Dès le mois de juillet, devant 20 000 spectateurs enthousiastes, sur le plan d'eau du barrage de Rabodanges en Normandie, il remporte le championnat d'Europe, confirmant sa victoire au Grand Prix de Monaco.

Il disputera ensuite le championnat de France des Runabouts à Ouistreham, dont il partira favori, en Mayenne à Port Brillet (Laval), à Dormand sur les bords de Marne, où une vingtaine de bateaux étaient attendus -"il n'est pas connu, en effet, de transformer les bords paisibles et ombragés de la Marne, en arène nautique, où s'ébattront, ces bolides rugissants et écumants que sont les runabouts et les hors-bord de course" pouvait-on lire dans la presse le 23 juillet 1961

Il remportera le titre de Champion de France à Vezin, la presse en fera un large écho.

En 1962, Robert Clicheroux est toujours sur les circuits

Dès le mois de mai, il confirme ses succès,en remportant le titre de Champion International de Monaco.

Encore une victoire !

Photo extraite du programme

En octobre 1962, il troque son puissant runabout et s'engage sur un hors bord Kirie à moteur Mercury aux 6 heures de Paris

 

Robert Clicheroux terminera la saison 1962 sur un titre de Champion de France Runabouts, classe 1 Sport.

Pour information, le Kirié à moteur Maserati existe toujours, il se trouvait dans une collection privée que nous avons eu l'honneur et le plaisir de visiter.. et nous apprenons qu'il vient de changer de mains

 

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